Editorial

Nous sommes heureux de vous présenter ce nouveau numéro du bulletin de l’ASES. Son objet est une question devenue centrale, celle de la question du genre dans nos discipline et profession. Conformément à notre fonction de défense d’un groupe professionnel, de publicisation des difficultés que rencontrent nos collègues dans l’exercice de leur métier et de propositions pour de meilleures conditions d’enseignement et de recherche pour les sociologues, il ne s’agit pas ici de dresser un tableau scientifiquement valide sur le genre dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais plutôt de mettre en valeur un certain nombre d’angles d’attaque de la question. Certains de ces angles ont déjà donné lieu à des actions de notre part, en lien avec d’autres associations, comme la question du harcèlement sexuel ou la défense des « études sur le genre », attaquées il y a peu par des mouvements néoconservateurs à l’occasion des mobilisations contre « le mariage pour tous ». D’autres questions n’ont pas encore donné lieu à des réponses de l’ASES, par exemple les inégalités de genre dans l’accès à la profession et dans les carrières, ou encore sur un plan plus prospectif, des questionnements pédagogiques sur les meilleures manières de travailler la question du genre dans nos enseignements. Tous ces points font en revanche l’objet d’articles spécifiques de notre bulletin, complété par deux contributions originales sur ce que font à la sociologie, d’une part le genre, et d’autre part le féminisme. Nous espérons que ces textes donneront lieu à des réactions, que les un.e.s et les autres pourront s’en saisir, et pourquoi ne pas imaginer prolonger ces réflexions autour d’une journée d’échanges qui y serait dédiée ?

Cette perspective d’avenir nous offre l’occasion d’informer nos adhérent.e.s et l’ensemble de la communauté qu’il s’agit du dernier bulletin publié sous notre mandat, un mandat mixte et partagé officiellement pendant une année. Après cinq années de direction de l’association (la présidence pour l’un d’entre nous, le secrétariat général puis la co-présidence pour la seconde), nous laissons la place à une autre équipe à la tête du conseil d’administration de l’ASES. Nous voulons d’abord remercier l’ensemble des membres du C.A. qui se sont succédées au cours de ces cinq années. Ce n’est probablement pas à nous de dresser, dans ces pages en particulier, un bilan du travail que nous avons tou.te.s réalisé, nous laissons à nos adhérent.e.s le soin de le faire. Pour notre part, nous sommes heureux d’écrire que nous sommes fie.r.e.s d’avoir accompli collectivement les nombreuses activités qui furent les nôtres, et nous caressons l’espoir que le plus grand nombre de nos adhérent.e.s est satisfait de la façon dont nous avons voulu mener la barque de l’association : volontarisme politique et réalisme face aux contre-réformes de l’ESR et à la montée croissante de la précarité dans notre profession ; attention portée aux institutions de régulation de la profession (en particulier le CNU) et alimentation de

contre-feux normatifs nationaux (en particulier les wiki-auditions) ; poursuite des préoccupations quant à la manière d’enseigner la sociologie à l’Université et travail assumé de représentation de la sociologie dans les médias et face aux décideurs politiques, en lien notamment avec l’AFS… tels sont les principaux principes qui nous ont guidés, avec ténacité. Une nouvelle présidence va être élue dans les prochaines semaines, ainsi qu’un nouveau bureau à la rentrée. Ces collègues et camarades auront à cœur de poursuivre le travail de l’ASES dans ces directions tout en en ouvrant de nouvelles. Nous remercions chacun et chacune pour le soutien qu’ils ont pu nous apporter et comptons bien continuer de nous battre, chacun.e à notre manière, sur ce qui nous a animés toutes ces années et continuera de nous animer : non seulement rendre le métier « soutenable » et décent, mais, plus avant, inlassablement, travailler à le transformer et à en faire un espace professionnel ouvert, collectif et démocratique, marqué par l’enthousiasme et le plaisir de la recherche et de l’enseignement. On n’en a donc pas fini !

Fanny Jedlicki & Laurent Willemez, coprésidents de l’ASES