Le retour du suivi de carrière !
Le retour du suivi de carrière !
L’année 2015-2016 commençait « bien », elle se termine par un formidable retournement de situation !
En septembre dernier, alors que les nouveaux membres élus au CNU prenaient leurs « fonctions", ils découvraient ébahis que le ministère avait mis en place sur Galaxie une application destinée au suivi de carrière individualisé de l’ensemble des enseignants-chercheurs. Après une quarantaine de motions et une pétition signée par plus de 2500 collègues, le ministère acceptait la demande de moratoire relayée par la CP-CNU.
Le 9 juin dernier, lors de la dernière assemblée générale de la CP-CNU, un nouveau dispositif de suivi de carrière a été présenté par le bureau de la CP-CNU (69% de votes favorables)
Ce soi-disant « accompagnement professionnel", dont vous trouverez une présentation sur le site de la CP-CNU, suscite d’ores et déjà de nombreux débats au sein des sections CNU et au sein de la communauté des enseignants-chercheurs. Les discussions que nous avons eues en Assemblée Générale de l’ASES le 25 juin nous ont permis d’étudier ce « nouveau » dispositif et d’en mesurer les conséquences tout à fait néfastes pour l’ensemble des collègues si ce dernier venait à être mis en place.
Les membres du C.A de l’ASES expriment donc de nouveau leur opposition au « suivi de carrière » voté par la CP-CNU le 9 juin 2016. Voici la motion adoptée à l’unanimité le 29 juin
:
Ce dispositif, censé fonctionner comme un « accompagnement professionnel » au service des enseignants-chercheurs, est loin de lever les critiques et les craintes que l’association et la majorité des sections du CNU n’ont cessé de formuler depuis 2012. Les établissements restent dans la boucle du dispositif qui devient obligatoire. Ces deux éléments vont à l’encontre des engagements que nous avons portés et qui figurent dans la profession de foi de la « liste ouverte présentée par le Snesup-FSU, soutenue par le Sgen-CFDT et l'ASES » aux élections du CNU 19 de 2015.
En prenant la forme d’une évaluation de nos activités (une évaluation de plus pour des enseignants-chercheurs sans cesse évalués, une évaluation de plus qui introduit donc la suspicion sur le professionnalisme des enseignants-chercheurs), obligatoire et quinquennale, le très mal nommé « suivi de carrière » se dessine comme un instrument RH mis au service des établissements, de plus en plus engagés dans l’individualisation des carrières de leur personnels. Ils trouveront là un nouvel outil de gestion de la pénurie qui touche l’enseignement supérieur depuis tant d’années. Le récent rapport de l’IGAENER, dans ses préconisations et la demande de leur inscription dans le décret régissant le statut des enseignants-chercheurs, indique en effet clairement les intentions ministérielles : réintroduire cette « modulation de service » que la communauté universitaire, pour des raisons pédagogiques et de recherche, combat depuis le rapport Espéret de 2001. Car la modulation de service sera pour la plupart d’entre nous à la hausse, indépendamment de la qualité de nos enseignements et de nos recherches : l’objectif premier est de réduire les heures complémentaires et de gommer le déficit actuel d’encadrement.
Nous renouvelons donc notre opposition au « suivi de carrière » et exhortons les membres du CNU 19 et ceux des autres sections à se mobiliser contre ce dispositif qui, en l’état, n’offre aucune garantie à celles et ceux qui vont en subir les contrecoups dans les établissements dès 2017.
Le C.A de l'ASES
Post-scriptum : cette motion s’inscrit dans la continuité de la motion adoptée par le C.A de l’ASES le 26 juin 2012 et a fait l’objet d’une journée d’études « Lost in evaluation » dont les actes ont été publiés dans le bulletin n°40 de l’association. Voir ici : http://sociolog.cluster003.ovh.net/spip/spip.php?article137&lang=fr