Motion de la section 19 sociologie et démographie du CNU
En ouverture de la session, l’assemblée plénière de la section 19, réunie le 26 juin à Rouen s’associe au communiqué de la CPCNU voté le 12 juin et au communiqué de l’ASES et de l’AFS, qui alertent sur le très grave danger que constituerait pour la communauté académique et ses personnels l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
La section 19 tient à rappeler les valeurs républicaines sur lesquelles se fonde l’Université française à savoir l’universalisme, l’égalité de droits pour toutes et tous les étudiant.es et les personnels et la circulation libre des connaissances. L’Université est un lieu de recherche et de formation, de coopérations internationales et de débats scientifiques, où les enseignant·es-chercheurs et chercheuses jouissent d’une « pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression » ayant une valeur constitutionnelle (article L. 952-2 du code de l'éducation). Il est essentiel que les opinions et les connaissances puissent s’exprimer et se confronter dans la perspective de former des citoyen·nes aptes à prendre des décisions éclairées. Particulièrement attachée à la démocratisation de l’Université, la section 19, représentant les enseignant·es-chercheurs et chercheuses en sociologie-démographie, rappelle que ces principes fondamentaux et constitutifs des universités sont intangibles. Elle continuera à les défendre avec la plus grande conviction.
Partout où l’extrême droite ou des régimes autoritaires se sont imposés, les droits sont bafoués. Les expériences récentes de plusieurs pays montrent que la liberté académique y est systématiquement attaquée (censures, licenciements, emprisonnements, réduction drastique des budgets et des postes, etc.). Les sciences sociales sont les premières à subir ces assauts. La remise en cause de la recherche libre par les partis d'extrême droite, qui n’hésitent pas à s’appuyer sur des discours complotistes (par exemple sur les problématiques environnementales ou migratoires), est à rebours de nos valeurs d’émancipation collective.
La section 19 est particulièrement inquiète du risque accru de destruction des services publics, et donc de fragilisation des emplois scientifiques et des budgets de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les recrutements seraient encore plus fortement réduits et les postes des titulaires pourraient aussi être menacés. Le travail collégial – dont le CNU est l’un des garants – serait mis à mal au profit de l’autoritarisme et de l'idéologie, avec le risque d'une mainmise sur les établissements de formation. L'extrême droite porte de fait un projet régressif de réforme de la société, dont l’éducation est un des piliers.
L'extrême droite au pouvoir, ce serait enfin la remise en cause annoncée de la libre circulation des personnes et l’institutionnalisation des discriminations. Les mesures restreignant les mobilités des étranger·es (fermeture des frontières, non-renouvellement de titres de séjour), ainsi que celles qui visent les personnes binationales représentent un vrai risque pour nombre de nos collègues et étudiant·es. En outre, elles conduiraient à terme à une marginalisation et à un véritable appauvrissement intellectuel de la recherche française. En effet, les échanges internationaux constituent un apport de première importance pour une recherche vivante et de qualité.
Pour l'ensemble de ces raisons, la section 19 – comme la CPCNU, l’ASES et l’AFS – appelle la communauté des sociologues et démographes, et plus largement de la recherche et de l’enseignement supérieur, à se mobiliser contre l'extrême droite et à voter pour les candidat·es défendant les valeurs et les moyens du service public d’enseignement supérieur et de la recherche. C’est la survie des valeurs du service public qui est en jeu.
Motion votée par la section 19 du CNU à l’unanimité des présent.es.
Rouen, le 26 juin 2024.