Professions de foi pour l'élection du CA de l'ASES (AG du 24 juin 2023)

Lilian Lahieyte (nouvelle candidature)

Maître de conférences stagiaire en sociologie à l’Université Sorbonne Paris Nord à la rentrée, le travail collectif de l’ASES me paraît indispensable. Les questions traitées par l’association,  autour des libertés académiques, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou des dispositifs d’orientation de nos étudiant·es, pour n’en citer que quelques-unes, me semblent non seulement urgentes mais aussi particulièrement stratégiques, en ce qu’elles touchent autant à la défense des conditions concrètes d’exercice de notre discipline qu’à l’exigence plus large d’une université publique émancipatrice. C’est dans cet état d’esprit que je sollicite un mandat au CA de l’ASES.

Parmi les chantiers actuels, deux me tiennent particulièrement à cœur, à commencer par le soutien à la mobilisation des vacataires, dans un contexte où ces collègues assurent une part importante des enseignements et où leur mensualisation, décidée en droit, n’est toujours pas mise en pratique. J’aimerais contribuer au travail sur ce sujet, auquel j’ai été confronté personnellement en tant que docteur précaire et syndicalement en tant qu’élu au comité technique local de l’Université Paris 1. Une autre question qui me tient à cœur est celle de la place de la sociologie dans l’enseignement secondaire, où j’ai exercé durant deux années scolaires, et qui mérite que soit continuée la coordination avec les collègues de l’APSES dans laquelle l’ASES s’est engagé.  

Aude Rabaud (nouvelle candidature)

Cela fait plusieurs années que je bénéficie des outils, espaces de réflexions et de luttes de l’ASES (liste de diffusion, ressources en lignes, wiki auditions, journées thématiques) et je souhaite rejoindre l’équipe engagée et dynamique qui l’anime.

Maîtresse de conférences depuis 2005 à l’Université Paris Cité (ex-université Paris Diderot), et membre de l’Urmis, j’ai occupé plusieurs responsabilités collectives au sein des différentes instances de formation et de recherche (conseils scientifique, d’UFR, de labo, des enseignements ; coresponsabilité de la licence et d’une spécialité de Master, coresponsabilité du DU "Formations aux Humanités" - Maisons d'arrêt de Fresnes et La Santé ; coresponsabilité d’un axe de recherche, etc.).

Mon implication dans ces différentes activités m’a permis de constater les effets délétères des attaques néolibérales contre l’ESR, et d’assister aux dégradations et à la précarisation des conditions de travail, de formation et d’études. Par ailleurs, membre depuis 15 ans du Bureau du RT 24 de l'AFS, il m’importe de continuer à participer aux activités d’espaces permettant une libre élaboration et un partage critique des savoirs.

Je souhaite notamment contribuer à la promotion d’une diffusion de la sociologie dans le plus grand nombre d’espaces sociaux et politiques, au-delà du monde académique, et propose de m’engager dans des réflexions collectives sur les diverses formes de production et de partage des savoirs (“routines” d’écriture sociologique académique, dimension narrative des textes universitaires, écritures alternatives de la recherche (Webdocumentaire, « Sociologie dessinée », podcast, théâtre documentaire, conférences gesticulées), ainsi que sur nos activités éditoriales (réflexions engagées par ailleurs aussi, comme à l’AFS et au CNU)..

Ma candidature au CA de l’ASES est également motivée par ma volonté de nourrir les réflexions en matière de conception et conduite de nos enseignements, questionner nos savoir-faire pédagogiques et plus particulièrement la façon dont nos pratiques pédagogiques peuvent favoriser l’acquisition d’outils d'analyse et de réflexion critique, quel que soit le public étudiant auprès de qui nous enseignons. Quid des effets du développement du « distanciel » et de la dématérialisation des enseignements ?

Il me semble enfin important que l’ASES continue de contribuer aux réflexions et actions de lutte contre les traitements inégalitaires et discriminations dans le monde académique, notamment le racisme ou les inégalités de traitement en fonction de l’ethnicité et la religion en développant, par exemple, des liens avec d’autres associations actives dans ces domaines (RUSF, etc.).

Je propose donc ma candidature au CA de l’ASES afin de contribuer au travail commun engagé par ses membres qui portent à un niveau collectif les questions de réflexivité pédagogique, de conditions d’exercice de la recherche et de la formation et de lutte contre les inégalités et discriminations qui traversent l’ESR.

Hugo Touzet (nouvelle candidature)

Docteur en sociologie depuis 2021, je suis actuellement chercheur postdoctorant au sein du Cermes3.

Mon parcours, depuis mon inscription en thèse en 2016, ressemble à de très nombreux autres : un contrat doctoral, une année de chômage, des vacations dans plusieurs établissements, deux Ater « temps plein », deux congés paternité « bricolés » faute de réponse des RH, un retour à pôle emploi (avec des complications, cf. les vacations précédentes), diverses candidatures infructueuses, etc.

Ces dernières années, les luttes de précaires organisées, mais aussi (et peut-être surtout) les exits individuels et les témoignages de jeunes collègues décidant de renoncer à une carrière dans le supérieur se sont multipliés. Parmi ces dernier·es, les exemples de personnes « cochant toutes les cases » (et en réalité bien au-delà) confirment, si besoin était, l’état dans lequel se trouve l’enseignement supérieur aujourd’hui, et notamment les sciences humaines et sociales.

Mais dans ce paysage, de nombreux mécanismes de solidarité et de défense de la profession existent, à tous les niveaux, qu’ils soient ou non coordonnés ou institutionnalisés : partage de contenus de cours, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, « tutorat » officieux à destination des collègues les moins expérimenté·es, échanges de « bonnes pratiques » dans les situations délicates face aux différentes institutions (universités, laboratoires, Pôle emploi, etc.), mobilisations en faveur de plus de transparence dans les processus de sélection et de recrutement, etc. En m’impliquant au sein de l’Ases je voudrais contribuer à faire vivre et croitre ces initiatives si essentielles.

Au-delà de ces enjeux de défense de notre métier et de ses conditions d’exercice, je suis tout particulièrement attaché à faire vivre la sociologie hors des murs de nos laboratoires et universités. Au cours de ma (courte) carrière de sociologue, j’ai toujours considéré que nos activités ne devaient pas se limiter aux collègues et aux étudiant·es, mais être utiles à des publics bien plus larges. C’est le sens par exemple de mon implication au sein du collectif Quantité Critique, de ma participation à des formations à destination de collègues de l’enseignement secondaire ou de mon attention à diffuser les résultats de mes recherches auprès de médias plus généralistes quand l’occasion se présente. Au sein de l’Ases, je souhaiterais donc également pouvoir participer à des réflexions sur la manière dont la sociologie comme discipline peut améliorer la diffusion et la mise en discussion de ses apports auprès des publics très divers.

 

Annabelle Allouch (renouvellement)

 

Maîtresse de conférences de sociologie à l’Université de Picardie, membre du laboratoire CURAPP-ESS, je souhaite à nouveau poser ma candidature au conseil d’administration de cette association. Les activités de l’ASES s’imposent en effet pour moi comme une espace central de réflexion commune sur les conditions de travail des sociologues, d’autant plus que le contexte français apparaît marqué par de nombreuses réformes liées autant au statut des universitaires (LPR de 2020) qu’au traitement réservé aux étudiant.e.s (Loi ORE de 2018), qui ont souvent contribué à amplifier la segmentation entre nos établissements.

Je souhaite également participer aussi activement que possible aux actions de l’association, tant d’un point de vue de l’organisation de la discipline (gestion de la mailing list, des wiki, etc.) que d’un point de vue des propositions liées à nos activités pédagogiques, et ce quelles que soient les conditions d’accueil de nos étudiant.e.s (départements de sociologie mais aussi de STAPS, de sciences de l’éducation, d’AES, IUT, INSPE, etc.).

L’ASES s’est également imposé comme un espace essentiel d’avancées des débats autour de questions comme la précarité, la réforme de la sélection, le maintien de nos instances nationales (CNU, CoNRS, etc.), en coordination avec les collègues d’autres associations professionnelles, collectifs et syndicats. Toutes ces activités me semblent indispensables à la réflexion sur l’avenir de la discipline et c’est à ce titre que je souhaite continuer à contribuer à l’activité de ses membres.

Romain Pudal (renouvellement) 

Chargé de recherche au CNRS, au sein du laboratoire Cerlis, je participe depuis plusieurs années aux activités de l’ASES et je souhaite les poursuivre au sein du CA si je suis réélu. Pour dire en quelques mots ce que représente à mes yeux un mandat au sein de l’ASES, c’est à la fois contribuer à la défense de notre discipline, aux luttes à la fois institutionnelles, politiques, intellectuelles qui sont si souvent nécessaires pour défendre le service public de l’enseignement supérieur de la recherche, c’est aussi contribuer à la transparence dans les modes de fonctionnement de notre discipline (recrutements, offres de poste, enseignements…) ; c’est enfin proposer aux collègues un espace de débats, de discussions et de réflexions communes sur les aspects pédagogiques, intellectuels ou institutionnels de nos métiers. Il me semble que l’explosion de la précarité d’un côté, les attaques sans cesse renouvelées contre la sociologie et les sciences sociales en général d’un autre côté et les évolutions constantes du paysage de l’enseignement supérieur de la recherche nécessitent que nous nous dotions toujours et partout des outils pour réfléchir collectivement, se mobiliser et prendre des positions. C’est ce que l’ASES fait depuis toujours et c’est ce à quoi j’essaie d’apporter ma contribution au sein du CA. Et c’est aussi la raison pour laquelle participer aux activités de cette association me semble aujourd’hui plus que jamais peut-être nécessaire : je souhaite donc proposer ma candidature pour un nouveau mandat au sein du CA.