Toulouse Le Mirail : Lettre ouverte des enseignant-e-s et enseignant-e-s -chercheur-e-s précaires à la direction de l’université
Lettre ouverte des enseignant-e-s et enseignant-e-s -chercheur-e-s précaires à la direction de l’université.
Cette lettre ouverte fait suite à des AG d’enseignant-e-s et enseignant-e-s -chercheur-e-s précaires, de l’université Toulouse – Le Mirail. Notre situation se dégrade alors que les personnels précaires représentent une part croissante des salarié-e-s de l’université. A titre d’exemple, pour le département de sociologie et d’anthropologie, 40% des cours de licence sont assurés par des contrats précaires (Vacataires, ATER, PAST, CDU).
Cette précarité qui recouvre un ensemble de situations individuelles et isolées est le produit d’une politique globale de précarisation de l’emploi. Cette dernière n’est pas une fatalité. Elle est le fruit de choix politiques dont la réalisation appartient à des administrations, souvent zélées. Pourtant ceux et celles qui en paient le prix sont toujours les mêmes : les salarié-e-s. Nous refusons cette fatalité. Nous avons listé un certain nombre de problèmes et plusieurs exigences.
- Au niveau des salaires : Dans certains départements les heures de TD sont rémunérées à un coefficient de 1,25 (c’est-à-dire qu’une heure est payée une heure 25). Mais la direction de l’université impose de passer à un coefficient de 1. (ce qui est déjà le cas pour la majorité des TD). Le choix est donc fait de baisser les salaires ou d’augmenter la charge de travail gratuit.
Or ce salaire ne correspond pas à la charge de travail. Nous sommes payé-e-s à l’heure de cours, alors que nous sommes amené-e-s à effectuer les mêmes tâches que les autres enseignant-e-s sans que notre salaire reflète ce travail : préparation, surveillances d’examen, consultations de copies, corrections, etc. Ainsi une grande partie du travail pédagogique à l’université repose sur du travail gratuit. C’est inadmissible. Nous demandons que toute heure de travail soit rémunérée, comme cela est le cas dans d’autres établissements universitaires toulousains ou nationaux.
- Au niveau du paiement des salaires : Alors que les chargé-e-s de cours travaillent tout au long de l’année universitaire ils/elles ne perçoivent leur salaire que deux fois par an. Par ailleurs, ils/elles doivent être constamment vigilant-e-s quant aux heures travaillées car il arrive régulièrement que toutes les heures ne soient pas prises en compte. Nous demandons que le paiement des heures de travail soit mensuel et que l’université soit vigilante sur les heures effectuées par ses salarié-e-s.
- Au niveau des droits au chômage : Le régime particulier de l’université a fait que les allocations chômages pour ses salarié-e-s n’arrivent que deux mois après la fin de leur contrat sans effet rétroactif ! Est-il normal que les effets de la lourdeur bureaucratique, conséquence de choix politiques, reposent sur des personnes en situation de précarité ? Le chômage est un droit pas une récompense. Nous demandons que l’université assure une continuité de paiement pour ses salarié-e-s et qu’une personne référente soit nommée pour guider les salarié-e-s dans cette situation.
- Au niveau des statuts : La plupart des vacataires sont considéré-e-s comme du sous-personnel. Alors qu’ils/elles sont les moins rémunéré-e-s, est-il juste qu’ils/elles paient le plein tarif au restaurant universitaire (à la différence des autres enseignant-e-s) et qu’ils aient
des difficultés à obtenir la carte professionnelle donnant accès à la bibliothèque universitaire
en raison de leur statut ? Nous demandons que cette inégalité de traitement cesse. Les
conditions de défraiement pour les interventions dans les antennes régionales de l’UTM
méritent également d’être clarifiées.
- Au niveau des conditions d’embauche : Un vacataire doit ainsi exercer une activité professionnelle d’au moins 900 heures annuelles (ou 300 d’enseignement). Il ne s’agit ici que d’un exemple de contraintes absurdes parmi d’autres. Ces règles sont, dans les faits, contournées : l’université « conseille » par exemple aux vacataires de se déclarer en tant qu’auto-entrepreneurs à Pôle Emploi. Il est intolérable que les risques engendrés par ces contournements (contournements nécessaires au fonctionnement de l’université et sur lequel repose une grande partie de l’activité de pédagogie et de recherche) soient à la charge des seul-e-s salarié-e-s. Nous demandons une mise à plat de ces règles. Et que l’université reconnaisse que le statut de vacataire ne correspond ni à la réalité des besoins pédagogiques de l’université ni à la réalité économique des personnes embauchées.
- Au niveau des postes : La progression de la précarité est faite dans une logique de baisse du coût du travail. Elle fait reposer sur les épaules des salarié-e-s des choix politiques discutables, et porte atteinte à la qualité de l’enseignement et de la recherche. Nous demandons à ce que les postes vacants ne soient pas mis en réserve mais soient transformés en postes d’ATER. Nous demandons le maintien des postes de demi ATER, et la création de postes pérennes pour répondre aux besoins pédagogiques existants, et aux conditions de vie des employé-e-s, notamment dans l’UFR des Langues, Littératures et Civilisations étrangères, afin de faire face à l’augmentation de la charge d’enseignement.
Nous appelons à une AG des enseignant-e-s et enseignant-e-s chercheur-es précaires le jeudi 10 avril en salle 99B à 12h30, pour discuter des réponses et préparer, le cas échéant, d’éventuelles mesures de protestation. contact mail : precaires.mirail@gmail.com