Actes de la recherche en sciences sociales - Soutien à la section 36
Le comité de rédaction d’Actes de la recherche en sciences sociales témoigne de son entière solidarité à l’égard des candidats sociologues, qui ont été éliminés par le jury d’admission de l’InSH, ainsi qu’à l’égard des membres la section 36 du comité national, dont le classement a été très largement piétiné (concours CR2 36/04). La décision du jury d’admission a des allures de sanction à l’encontre d’une discipline, et elle n’est pas sans évoquer une haine de la sociologie, vieille passion française, que les mots d’ordre dont la direction de l’InSHS aime se réclamer (innovation, internationalisation, avenir, foi dans la science) ne parviennent pas à dissimuler. Justifiée par la direction de l’InSHS par la volonté de « veiller à ce que la politique d’excellence des recrutements menés par l’organisme soit mise en œuvre dans toutes les sections », cette décision est par ailleurs le produit d’une politique bureaucratique dont la revue avait contesté les orientations dès 2004 lors de la publication d’une enquête sur les périodiques (Actes de la recherche, n°155).
Dans une lettre du 14 juin 2017 le directeur de l’InSHS affirme que le jury d’admission (qu’il préside) est « comme les jurys d’admissibilité », un « jury de pairs ». Il y a pourtant une différence majeure entre les deux et il est pour le moins étonnant que le responsable d’une institution scientifique puisse feindre de l’ignorer. Le jury d’admission rassemble des pairs appartenant à des disciplines très différentes exécutant une politique, non pas définie dans l’univers scientifique, mais satisfaisant à des injonctions externes. Le jury d’admissibilité est quant à lui composé d’une majorité de membres de la discipline (dont des élus) qui jugent les candidatures à la lecture des travaux et des projets des candidat.e.s et après un débat direct avec elles et eux.
Pour Actes de la recherche en science sociales, revue engagée depuis 42 ans dans la publication de recherches internationales, il s’agit là d’éléments infiniment plus importants pour recruter des chercheur.e.s que la définition formelle de l’excellence en référence à un cursus honorum standardisé et en décalage avec la réalité des trajectoires de la majorité des jeunes chercheur.e.s. Cette rhétorique répétée ad nauseam par une génération au pouvoir académique depuis bien trop longtemps, et qui n’a pas eu à subir ces contraintes, amplifie les inégalités criantes qui traversent le système de formation à la recherche de notre pays, conduit à sacrifier une partie d’une génération qui ne peut se défendre et ne semble chercher à servir que les intérêts bien compris des disciplines et groupes bien en cour.