Candidatures et professions de foi (pour le CA de l'ASES 2025)

En vue de la prochaine AG de l'ASES (qui se tiendra le 27 juin prochain, 18h à Paris Cité, site de la Halle aux Farines dans le 13e arrondissement), nous avons reçu les candidatures suivantes pour entrer au CA :

 

Entrées au CA 

 

Barbara Doulin

 

Docteure en sociologie, qualifiée aux fonctions de maîtresse de conférences en sociologie et en sciences de l’éducation, j’ai construit mon parcours à l’intersection de ces deux disciplines. Depuis huit ans, j’enseigne la sociologie, les sciences de l’éducation et de la formation dans plusieurs établissements de l’enseignement supérieur (Université Rennes 2, INSPÉ de Rennes, Université Paris Nanterre), en accordant une attention particulière à l’accompagnement des étudiant·es.

Mon travail de recherche s’ancre dans la sociologie de l’éducation, du genre et des sexualités, de la jeunesse et des mouvements sociaux. À travers une approche intersectionnelle, située et souvent menée en terrain sensible, j’interroge les rapports de pouvoir dans les institutions scolaires, les parcours éducatifs, et les formes d’engagement. Je m’investis également dans des démarches collectives, comme la recherche interdisciplinaire sur le mouvement des Gilets jaunes ou le séminaire « Queeriser les curriculums », ce qui témoigne d’une volonté constante de mettre en relation recherche, enseignement et dialogue avec les professionnels de l’éducation et du social et avec les citoyen·nes.

Mon parcours, marqué par la précarité (ATER, contrats courts, vacations), m’a rendue particulièrement sensible à la vulnérabilité des carrières universitaires.

Dans un contexte de remise en cause des sciences sociales, d’attaques contre la liberté académique, et d’une université mise sous tension, je considère que l’ASES joue un rôle crucial : à la fois comme espace de solidarité, de mobilisation collective, et comme association engagé pour la défense de notre discipline et nos libertés académiques.

C’est donc avec la volonté d’y prendre pleinement part que je présente ma candidature au Conseil d’administration. Je souhaite contribuer aux réflexions et aux actions portant sur les politiques de recrutement, les conditions de travail, la reconnaissance du travail pédagogique, la diffusion des savoirs sociologiques hors du champ académique, ainsi que l’intégration des chercheur·es précaires dans la vie de l’association.

Je crois profondément que promouvoir les savoirs critiques portés par la sociologie, c’est participer à la défense d’une université publique démocratique, pluraliste et émancipatrice. C’est aussi défendre des formes de recherche ouvertes, collaboratives et souvent menées en dehors des cadres institutionnels, dans lesquelles je m’inscris.

Enfin, je souhaite continuer à faire vivre les espaces collectifs que l’ASES porte depuis des années, dans une logique de partage, de soutien mutuel et de lutte pour une université plus juste et plus humaine.

 

Mickaël Durand

 

Postdoctorant à l’Ined en sociologie, futur postdoc à l’UCLouvain en science politique, j’enchaine les postdoctorats et les candidatures aux concours de l’ESR depuis 2020. Le parcours doctoral et ses suites m’ont confronté à la précarisation des carrières, à la concurrence accrue pour les postes, à l’opacité des mécanismes de recrutement, dans un contexte de financement de la recherche par appel à projet qui survalorise une prétendue « excellence » dont les critères (souvent arbitraires) et les exigences (pas toujours scientifiques) contribuent au mal-être et à la démotivation des doctorant·es, jeunes docteur·es et collègues plus avancé·es. Cela constitue un risque pour la pérennité de la discipline, la formation des étudiant·es, la production de savoirs nouveaux sur la société et les enjeux auxquels elle fait face. Face à ce constat, et à celui que l’université (comme le reste des services publics) a de plus en plus de mal à fonctionner sans épuiser son personnel, que les sciences sociales, au premier rang desquelles la sociologie, sont taxées de « wokisme », et que la liberté académique est attaquée, l’ASES m’apparaît comme le meilleur moyen de résister. Enfin, promouvoir l’enseignement de la sociologie et plus généralement des savoirs sociologiques, m’apparaît fondamental pour y développer le sens critique, lutter contre la désinformation, la crise de la démocratie, et le scepticisme face à la science.

Au sein de l’ASES, je voudrais aider au fonctionnement de l’association, réfléchir aux logiques et pratiques de recrutement, et au moyen de revaloriser les sciences sociales et la sociologie, à la fois auprès des décideurs politiques et des citoyen·nes au-delà du champ académique.

 

Arthur Jatteaux 

 

Après avoir obtenu un doctorat co-dirigé par une économiste et un sociologue, j’ai été recruté à l’Université de Lille sur un poste de maître de conférences doublement fléché en section 05 (Sciences économiques) et section 19 (Sociologie, démographie). Je suis nommé, à compter du 1er septembre 2025, professeur des universités à Paris Nanterre sur un poste de Sociologie de l’économie, après une HDR elle aussi placée sous le double patronage disciplinaire de la sociologie et de l’economie.

Depuis le début de ma carrière d’enseignant-chercheur, j’ai donc tenu, tant dans ma pratique pédagogique que dans mes recherches, une double identité disciplinaire, et ai activement porté des formations bi et pluri disciplinaires. Cette promotion de l’interdisciplinarité constitue une dimension forte et constante dans mon identité d’enseignant-chercheur. 

Mes travaux ont porté sur les expérimentations aléatoires en économie (et plus généralement l’évaluation des politiques publiques), la sociologie des économistes, la sociologie des curricula dans les formations d’économie dans le supérieur, l’interdisciplinarité… Les sciences sociales de la quantification, en particulier la sociologie, constitue la matrice de mes recherches.

Je propose ma candidature au CA de l’ASES afin participer à ses différents combats, notamment ceux qui ont trait aux conditions de travail des collègues (en particulier les plus précaires) ainsi qu’aux questions pédagogiques du métier. Ces dernières me semblent bien souvent être marginalisées, voire dévalorisées, dans nos pratiques comme dans nos institutions. L’ASES joue déjà un rôle important sur ce point et je souhaiterais pouvoir y contribuer, en construisant et participant des temps d’échange sur les questions pédagogiques. J’aimerais notamment beaucoup porter une démarche collective autour du contenu et de la conception des licences de sociologie en France, dans la lignée des travaux que je mène sur celles d’économie. Je souhaiterais également promouvoir le dialogue avec d’autres associations professionnelles avec lesquelles l’ASES partage des affinités, comme l’Association Française d’Économie Politique (AFEP), où je suis élu au CA depuis de nombreuses années.

 

Marie-Pierre Pouly

 

Je suis maîtresse de conférences HDR au département de sociologie de l’université de Limoges et membre du laboratoire bi-site (Limoges-Poitiers) GRESCO. J’ai également été PRAG pendant une dizaine d’années. J’enseigne depuis bientôt 30 ans et mes objets de recherche en sociologie ont toujours intégré une analyse réflexive sur l’enseignement (sociologie des disciplines).

Je m’intéresse depuis longtemps aux activités de l’ASES qui constitue un collectif essentiel d’information, de réflexion et de mobilisation dans un contexte d’attaques croissantes de l’autonomie intellectuelle de l’université et de dégradation des conditions de travail et d’emploi. Ayant, par ailleurs, fait l’expérience d’une certaine solitude militante dans l’exercice d’un mandat de directrice-adjointe aux formations de la Faculté des lettres et sciences humaines, je souhaite désormais poursuivre mon action dans un cadre plus collectif et – pourquoi pas ? – joyeux ! 

En présentant ma candidature au CA de cette association, je souhaite m’inscrire avant tout dans la suite des actions déjà initiées par l’ensemble des membres de l’ASES. J’aimerais contribuer à l’élaboration et la mise en commun d’outils d’analyse des obstacles institutionnels et sociaux à la pratique d’une pédagogie rationnelle du métier de sociologue. Je m’investirai tout particulièrement dans la perpétuation des occasions d’échange pédagogique (journées d’études notamment, comme celles auxquelles j’ai participé ces dernières années, sur l’enquête collective, d’une part, et sur les compétences, d’autre part). J’aimerais également faire vivre les espaces de publications qui permettent d’analyser en sociologue les conditions de félicité de la transmission au plus grand nombre des analyses sociologiques et du métier de sociologue. J’ai ainsi le projet d’animer avec d’autres le Bulletin de l’ASES autour des questions pédagogiques et/ou de laisser une trace écrite des échanges issus des rencontres de l’ASES dans la rubrique « Transmettre les sciences sociales » que je coordonne dans la revue Savoir/Agir.

 

Nicolas Roux

 

Je suis maître de conférences à l’Université de Reims Champagne Ardenne et affecté à l’IUT Châlons-en-Champagne depuis 2019, et responsable de département depuis 2024. Après l’épreuve de la précarité qui a accompagné la fin de la thèse, j’ai pu, au fil des années qui ont suivi ma prise de poste, mesurer la dégradation des conditions d’emploi et de travail de l’enseignement supérieur et de la recherche. Intégrer le CA de l’ASES serait pour moi l’occasion de contribuer à la lutte contre cette dégradation de l’université, des facultés aux IUT. Mes recherches portent justement sur la précarité de l’emploi et la soutenabilité (ou non) du travail. Je souhaiterais ainsi mobiliser mes connaissances et expériences au sein de l’association et notamment de l’Observatoire de l’emploi en sociologie. De manière plus générale, je candidate au CA de l’ASES afin de continuer à m’engager dans des collectifs et de contribuer au travail de valorisation et de défense de la discipline dans un contexte où celle-ci est attaquée, et les libertés académiques menacées. Sensible à la question de la représentation de la sociologie dans l’espace public et dans les médias, réfléchir collectivement à la manière dont la profession peut s’armer dans le contexte politique actuel est un autre chantier auquel j’aurais plaisir à contribuer.

 

 

Renouvellements

 

Hugo Bréant

 

Après avoir été enseignant-chercheur (doctorant, post-doctorant & vacataire) dans l’ESR, je suis devenu chargé d’études et de recherche d’abord au sein du pôle recherche de la direction de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse), puis aujourd’hui à l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire). Je mène désormais des recherches sur le temps libre et les loisirs – individuels et collectifs – des jeunes.

 

En 2022, j’ai rejoint le CA et intégré le bureau de l’ASES. Principalement en charge des questions informatiques (gestion du site et des réseaux sociaux), j’ai participé à la vie collective de l’asso (modération de la liste, mise en ligne des wikis, organisation d’une journée d’études…). C’est avec l’envie toujours forte de faire vivre ce collectif et cette association essentielle pour la défense de la sociologie et des libertés académiques que je me présente pour renouveler ma participation au sein du CA.

 

Dans ces 3 prochaines années, je souhaite d’abord achever collectivement le chantier de transfert du nouveau site de l’ASES, et ensuite me consacrer davantage à un projet qui me tient à cœur : la promotion des travaux de sociologie hors de l’ESR. Évidemment, je continuerai en parallèle à participer aux tâches collectives et aux combats de l’asso et à l’animation de ce beau collectif qui se construit depuis plusieurs années !

 

Angeliki Drongiti

 

Je suis actuellement dans mon troisième post-doctorat, après plusieurs années marquées par la précarité, mais aussi par un engagement constant dans les mobilisations des précaires et les collectifs de doctorant·e·s. Je suis profondément convaincue que les luttes dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) n’aboutissent à des avancées significatives que lorsqu’elles sont portées collectivement, à travers des actions fédératrices et des résistances communes.

J’ai rejoint le CA de l’ASES en 2022 e me suis investie dans diverses activités et événements en lien avec la défense de l’autonomie scientifique, des libertés académiques, ainsi que dans les luttes contre la précarisation de notre métier. L’ASES constitue à mes yeux un espace précieux, où réflexion et action s’articulent pour faire face aux multiples inégalités qui traversent l’ESR. C’est avec cette motivation intacte que je souhaite poursuivre mon engagement au sein de l’association, pour contribuer à son dynamisme, défendre notre métier avec conviction et lutter collectivement pour sa reconnaissance et son avenir.

 

Violaine Girard

 

Maîtresse de conférences au département de sociologie de l’Université de Rouen Normandie depuis une quinzaine d’années et membre du laboratoire Dysolab, les activités de l’ASES constituent à mes yeux autant de moments indispensables d’information, de réflexion et de mobilisation au vu des transformations en cours de l’université, des évolutions continues et récurrentes des conditions de travail et des conditions d’emploi dans les collectifs enseignants, comme des conditions d’étude des étudiant-e-s.

 

Au fil de ces années d’exercice professionnel dans mon université, j’ai été convaincue de la nécessité de disposer d’outils de partage d’informations, entre collègues sociologues sur la diversité des conditions d’exercice des missions d’enseignement et de recherche ainsi que sur la multiplication et la précarisation des statuts.

 

Même si, comme beaucoup, je manque de temps dans l’exercice de l’ensemble des activités constitutives du métier d’enseignante chercheure, depuis deux ans, j’apporte une contribution organisationnelle aux activités de l’ASES, en tant que co-trésorière avec Corine Eyraud. Je souhaite continuer à apporter ma contribution en présentant à nouveau ma candidature au CA de cette association, afin de poursuivre quelques années dans ce rôle, au service des adhérent-es.

 

C’est par ce biais que j’espère pouvoir contribuer aux actions que ne manquerons pas de continuer à initier les membres du CA de l’ASES.

 

Elie Guéraut

 

Depuis 2021, je suis maître de conférences en sociologie à l’Université Clermont Auvergne, membre du laboratoire Lescores, et responsable de plusieurs diplômes au sein du département, notamment de la licence de sociologie. À ce titre, j’ai participé dernièrement à la refonte des fiches RNCP avec l’ASES pour les licences sociologie et sciences sociales et à plusieurs évaluations HCERES, ce qui m’a permis de prendre la mesure des enjeux de normalisation, de pilotage par la performance et d’inégalités structurelles entre établissements, disciplines et diplômes, que ces dispositifs tendent à accentuer.


En outre, mon parcours m’a conduit à connaître une diversité d’établissements et de statuts dans l’enseignement supérieur et la recherche, dans des structures universitaires ou de recherche plus ou moins dotées. Cette trajectoire me rend particulièrement attentif aux effets délétères d’une précarisation prolongée sur les jeunes chercheur·es, mais aussi aux logiques de concentration des moyens et de concurrence entre établissements, renforcées par les dernières réformes de l’ESR.

 

C’est dans cet esprit que je propose une nouvelle candidature après un premier mandat : pour soutenir les actions collectives menées par nos associations professionnelles en faveur de la défense de la sociologie, de la transparence des recrutements, de la réduction des inégalités entre universités et avec les EPST, et contre la précarité croissante dans nos métiers. Je souhaite aussi contribuer activement aux réflexions menées par l’ASES sur l’enseignement de la sociologie, l’insertion professionnelle de nos étudiant·es et les transformations du travail universitaire.

 

Myrtille Picaud

 

Je suis chargée de recherches au CNRS depuis 2022, rattachée au CRESPPA-CSU. Je suis élue au CA de l’ASES depuis trois ans et je représente aujourd’hui une nouvelle candidature pour le CA.

Ayant moi-même enchaîné cinq années de contrats doctoraux et chômage avant l’obtention d’un poste de titulaire, je suis sensible à la question de la précarité des jeunes docteur-es et à l’effet de celle-ci sur leurs trajectoires, conditions de vie et modes de travail. Mon engagement à l’ASES, où nous nous mobilions contre la précarisation croissante de l’ESR et la diminution des moyens alloués à notre secteur, reflète ces intérêts. Je contribue ainsi à l’animation et au suivi du wiki dédié à la campagne de recrutements MCF, ainsi qu’à celui dédié aux postes de chaires de professeur-e junior et autres. Je souhaiterais accentuer les actions pour favoriser la transparence des recrutements sur ces types de postes. 

Par ailleurs, je souhaite m’impliquer davantage sur la question de l’encadrement des contrats post-doctoraux, qui font l’objet de définitions et statuts contradictoires aujourd’hui, favorisant l’expression de rapports de pouvoir délétères entre titulaires et non-titulaires. Ceux-ci se manifestent notamment en matière de conditions de travail et d’exploitation, de contrôle de la production scientifique (et parfois de vol de données, plagiat, etc.), de violences sexuelles et sexistes et d’autres discriminations. On observe ainsi la dualisation du marché des contrats de travail postdoctoraux, entre des contrats « deluxe », permettant de faire ses propres recherches et d’accéder à des postes valorisés, et d’autres où les recherches du porteureuse de projet sont réalisés par une main d’œuvre déconsidérée et souvent sous-payée, dans l’incapacité de valoriser ses propres travaux afin d’accéder à un poste d’agent titulaire.

Ce sont ces questions, parmi d’autres actions à l’ASES, qui animeront mon investissement lors du prochain mandat.

Claire Piluso

Je candidate pour un second mandat au sein de l’ASES. Lors du premier (2023-2025), j’ai contribué à l’animation du compte Instagram de l’association, participé à l’organisation des journées d’études, au travail sur les fiches RNCP en lien avec la DGESIP, ainsi qu’à la recherche d’informaticien·nes pour refondre le site internet. Je souhaite poursuivre deux chantiers engagés : un texte pour le bulletin sur l’approche par compétences, et la construction du nouveau site.

Après une thèse non financée, j’ai été recrutée sur un poste de MCF à l’ouverture d’une formation hybride. Cela m’a conduite à interroger les transformations pédagogiques en cours (approche par compétences, hybridation), leurs effets sur les conditions de travail, sur les savoirs transmis, et sur les inégalités d’accès et de maintien dans l’ESR, tant pour les personnels que pour les étudiant·es.

Je m’intéresse particulièrement à la dégradation des conditions de travail dans l’enseignement supérieur et aux violences qui en découlent. L’ASES me semble être un espace collectif précieux pour analyser et agir sur ces dynamiques, et je souhaite poursuivre mon engagement dans cette perspective.