LRU 2 : L’amendement instaurant une sélection à l’entrée de la 1ère année de Master est rejeté.
Assemblée nationale, débat sur la loi ESR, Jeudi 23 mai 2013. 3ème séance
L’amendement instaurant une sélection à l’entrée de la 1ère année de Master est rejeté.
La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement n° 174 portant article additionnel après l’article 19.
- M. Patrick Hetzel. L’objectif est très simple. Nous avons aujourd’hui un système LMD qui reste aujourd’hui d’une certaine manière dans un entre-deux. Il y a un premier bloc, celui de la licence, et un deuxième, celui du master. Le passage de la licence à la première année du master est automatique. En revanche, il existe une césure entre la première et la seconde année du master. Pour être cohérent, pour créer un continuum à l’intérieur du cursus de master, il est opportun d’avancer d’un an le processus de sélection et de permettre à tous ceux qui entrent en première année de master de faire l’intégralité du cursus de master. Aujourd’hui, un certain nombre d’étudiants valident une première année de master mais ne peuvent poursuivre ensuite, tout simplement parce que les textes régissant les masters sont toujours ceux qui étaient en vigueur dans l’ancien système des maîtrises. La licence constitue un bloc homogène, également conçu dans l’idée de permettre une insertion professionnelle. Plus que jamais donc, pour renforcer la cohérence des masters, il est opportun d’avancer l’étape de sélection des étudiants et de la placer à l’entrée en première année. Qu’elle soit au milieu du master, c’est un système bancal. L’objectif du présent amendement est de le remettre d’aplomb.
- Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
- M. Vincent Feltesse, rapporteur. Avis défavorable. Pourtant, je comprends bien les arguments avancés par M. Hetzel : la mesure qu’il propose peut apparaître comme une mise en cohérence avec le dispositif LMD qui existe depuis quelques années. Mais je laisse Mme la ministre donner plus d’explications.
- Mme la présidente. Quel est donc l’avis du Gouvernement ?
-Mme Geneviève Fioraso, ministre.
Je confirme qu’introduire une sélection à l’entrée du
master bouleverserait l’ensemble du dispositif. En effet, cela aurait un impact sur la
formation en premier cycle et tout étudiant non sélectionné à l’entrée en second cycle
devrait se diriger vers l’insertion professionnelle.
Ce n’est pas du tout notre état d’esprit, vous l’avez bien vu. Nous sommes en train de
réorganiser l’ensemble du premier cycle et l’orientation des étudiants, avec pour objectif de
favoriser leur réussite. Ce projet de loi vise à mieux organiser les parcours de licence dans
la perspective d’une poursuite des études. Il est donc inutile de mettre en place une
sélection à l’entrée en master. Quant aux étudiants qui ont été orientés vers des filières
professionnelles, l’objectif est de leur donner une plus grande employabilité.J’ai parlé des étudiants qui ont été orientés : pardonnez-moi cette erreur. J’aurais dû dire :
les étudiants qui se sont orientés. L’état d’esprit général est en effet bien de rendre les
étudiants acteurs de leur propre orientation, avec des parcours-types.
Votre amendement va donc totalement à l’encontre de notre état d’esprit. Cela montre que
nous n’avons pas encore réussi à bien vous faire comprendre notre logique gagnantgagnant. Je ne désespère cependant pas de vous convaincre d’ici la fin des débats !
- Mme la présidente. La parole est à M. Patrick Hetzel.
- M. Patrick Hetzel. Merci pour votre réponse, madame la ministre, et je veux bien admettre toute logique gagnant-gagnant. Mais expliquez-nous une chose : considérez-vous que tout étudiant titulaire d’une licence a vocation à poursuivre automatiquement ses études en première année de master ? Et si oui, comme c’est le cas aujourd’hui, doit-il poursuivre automatiquement en deuxième année de master ? Dans ce cas, vous partez du principe que tout le monde doit aller jusqu’au master 2 ! Et si, comme vous l’avez dit à l’instant, vous maintenez la séparation entre le master 1 et le master 2, quelle réponse apportez-vous aux étudiants qui se trouvent au milieu du gué ? Ils ont validé une année de master, mais cela ne correspond plus à aucun grade universitaire homologué dans le système international, ce qui pose aussi problème vis-à- vis des employeurs. C’est un vrai problème, un problème concret, que vous balayez d’un revers de main. Encore une fois, vous n’apportez aucune solution. Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
- Mme Geneviève Fioraso, ministre.
- Mme Françoise Guégot.
Nous n’allons pas lancer le débat à cette heure-ci. Je répète simplement que nous allons tout faire pour éviter la situation que vous dénoncez. Il nous faudra certainement encore un certain temps pour vous convaincre. En fait, seuls les faits pourront le faire au cours des mois à venir. Notre état d’esprit n’est pas de nous adapter à une situation mauvaise, c’est de changer la situation. Voilà ! Notre état d’esprit n’est pas tel que vous le prétendez, nous ne découvrons pas tout à coup que cela ne marche pas, nous le savions déjà ! Nous en avons fait le constat – et nous n’avons d’ailleurs pas été les seuls : la preuve, c’est que nous sommes là, que le changement est là !