Motion commune ASES-AFS relative au projet de loi ESR
L’ASES et l’AFS, associations professionnelles et savantes de sociologie, expriment leurs vives inquiétudes devant le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche (ESR), dont elles ont pris connaissance dans ses deux premières versions avant discussion au CNESER. Elles s’indignent du procédé mis en place par le ministère qui avait promis à une communauté universitaire et académique très fragilisée par les réformes de 2002, 2007 et 2009, une vaste consultation nationale et un projet de loi doté de moyens ambitieux, en rupture avec la mandature précédente. Conduites à marche forcée, les Assises nationales de l’ESR ont donné lieu à deux rapports, puis 6 mois après à un projet de loi, qui semble avoir été écrit et pensé bien avant la consultation : en effet, loin de corriger les dérives du Pacte de la Recherche et de la LRU, dénoncés par la majorité des acteurs universitaires qui se sont exprimés lors de ces Assises, l’actuel projet de loi en accentue bien des aspects. La liste des mesures annoncées qui attisent nos inquiétudes est longue, nous ne les détaillerons pas, les syndicats ->http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5942]comme les [collectifs Sauvons l’université->http://www.sauvonsluniversite.com/] et [Sauvons la Recherche le font par ailleurs. Nous rejoignons l’essentiel de leurs conclusions et propositions, qu’il s’agisse de :
- La présence et prérogatives des différents corps des élus représentants la communauté qui ne cessent d’être remises en cause par le modèle de gouvernance proposé ;
- La fragilisation de la recherche et la précarisation des jeunes chercheur-se-s (financement sur projets, dépendance vis-à-vis du monde économique et politique, des régions en particulier).
- La dérégulation nationale des formations, des diplômes, des financements (via l’accréditation notamment) ;
- La secondarisation du premier cycle universitaire qui va à l’encontre du socle fondateur de l’université (lien entre recherche et enseignement supérieur)
- La fragilisation et la disparition alarmantes des personnels et des établissements (aucun engagement de moyens supplémentaires, maintien des responsabilités et compétences élargies, aucune mesure réelle permettant de lutter contre la précarité…) ;
- ainsi que les épineuses questions posées par le transfert des compétences au monde économique, par la création des ESPE, par la tentation de substituer aux enseignements présentiels des enseignements numériques, par l’absence de financement public et de cadre garantissant l’autonomie et la liberté de la recherche, etc…
Les études et recherches menées en sociologie, comme dans les autres sciences sociales, risquent de particulièrement souffrir de ce projet de loi. Les effets de cet appauvrissement scientifique seraient contre-productifs en termes d’investissement public, d’intérêt général, de même qu’ils contribueraient à affaiblir le rayonnement scientifique international de la France.