Ouvrir des places !
Les étudiants et lycéens se mobilisent ce jeudi 15 mars contre la « sélection » à l’entrée à l’université. Matthieu Hély, président de l’Association des sociologues enseignants du supérieur, les soutient. Entretien.
Entrée à l'université. «Nous ne gérerons pas les vœux des lycéens»
Plusieurs syndicats étudiant et lycéens se mobilisent ce jeudi 15 mars contre le plan étudiant qui réforme l'entrée à l'université. Ils espèrent encore pouvoir modifier la loi, désormais promulguée, voire la retirer. Des enseignants soutiennent le mouvement. Matthieu Hély, président de l’Association des sociologues enseignants du supérieur, explique les raisons de leur mécontentement.
Comprenez-vous la grogne contre la réforme de l’accès à l’université ?
Nous soutenons les manifestants. La loi promulguée à marche forcée instaure la sélection à l’université. Le gouvernement s’en défend, pourtant il veut bien faire un tri pour en limiter l’accès. La loi est contraire au code de l’Education qui stipule que seule l’obtention du bac est nécessaire.
La loi vise à lutter contre l’échec en licence. Votre solution ?
Ouvrir des places ! Par exemple dans les filières courtes très demandées, comme les DUT ou les BTS. Depuis quinze ans, le nombre de places stagne, alors qu’il y a 300 000 étudiants de plus depuis 2010. L’échec en première année est important, mais les lycéens ne connaissent pas les disciplines. Ils expérimentent et se réorientent. L’université sert à cela. La loi ne résout pas le problème majeur des classes prépa et des grandes écoles qui opèrent un tri social monstrueux.
Vous devez répondre aux vœux des candidats d’ici le 22 mai…
Dans mon université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, nous sommes 80 enseignants à refuser de le faire. Nous renvoyons cette gestion des vœux au rectorat. L’an dernier, je donnais un avis sur 400 dossiers très sommaires pour 200 places. Là, pour la même capacité, j’aurais environ 8 000 dossiers à gérer, car il n’y a plus de hiérarchie des vœux sur Parcoursup. On met une pression monumentale sur les lycéens pour rédiger des lettres de motivation, qui ne seront pas lues ! Et je fais le pari qu’au 21 septembre, des milliers de lycéens seront encore en attente et que le rectorat les inscrira de force dans des filières. Ce sera une génération crash-test.
Recueilli par Laetitia HÉLARY.